
Poèmes
Nuit d'Agapes
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- Written by Rudyard Kipling

Le moment venu, le roi Salomon déclarait
A ses ouvriers qu'il voyait tailler la pierre :
Nous allons mettre en commun, l'ail, le vin et le pain,
Et festoyer tous ensemble. Je descendrai de mon trône,
Et tous les frères devront venir à ces agapes,
En tant que Compagnons, ni plus, ni moins !
Qu'on envoie promptement une chaloupe à Hiram de Tyr,
Lui qui assure l'abattage et le transport sur les flots
De nos arbres si beaux. Dites-lui, que les Frères et moi
Désirons parler avec nos Frères qui naviguent sur les mers,
Et que nous seront heureux de les rencontrer à ces agapes,
En tant que Compagnons, ni plus, ni moins !
Qu'on porte aussi le message à Hiram Abib,
Le Grand Maître des forges et des mines :
Moi-même et les Frères, nous aimerions qu'il soit possible
Que lui-même et ses Frères viennent à ces agapes,
Portant riches décors ou simples vêtures,
En tant que Compagnons, ni plus, ni moins !
Dieu a assigné à chacun sa place : au cèdre majestueux,
A la modeste hysope, et au mûrier sauvage, au figuier
Et à l'aubépine... mais cela n'est pas une raison suffisante
Pour reprocher à un homme, de n'avoir pas réussi à être,
Ce à quoi il n'était pas nécessairement destiné !
Et à propos de notre Temple, je maintiens et j'affirme :
Nous ne sommes que des Compagnons, ni plus, ni moins !
Ainsi il ordonna, et ainsi il fut fait.
Et les Coupeurs de Bois, et les Maçons de Marque,
Avec les simples matelots de la flotte de Sidon,
Et les amiraux du Royal Arche,
Vinrent s'asseoir et se réjouir à ces agapes,
En tant que Compagnons, ni plus, ni moins !
Dans les carrières, il fait encore plus chaud que dans les forges d'Hiram,
Nul n'y est à l'abri du fouet du gardien.
Le plus souvent, il neige sur la passe du Liban,
Et le vent souffle toujours, au large de la baie de Jaffa.
Mais quand le moment est venu, le messager apporte
L'ordre du roi Salomon : alors oublie tout le reste !
Que tu sois Frère parmi les mendiants, l'ami des rois
Ou l'égal des princes, oublie tout cela !
Seulement Compagnon ! et oublie tout le reste.